Concours Feuille d'automne

Colette Chauvin-Brandscheid

Si j’étais peintre, je chanterais d’abord l’automne avec une palette de cobalt, d’indigo et d’azur pour le ciel, de turquoise mâtiné de vert amande pour la transparence des flots. Je les appliquerais en touches généreuses au sommet de la toile, le miroir de l’eau descendant sur la gauche, incurvé au fond d’une baie dont je devinerais la plage. À partir du tiers inférieur du tableau, je dresserais ensuite le blanc des bouleaux en silhouettes élancées et y accrocherais d’une main légère des grappes de jaunes éclatants reliées par de délicats fils d’ombre. Chaque arbre aurait ses nuances, chacun sa personnalité. Entre leurs branches scintillerait la mer. Je camperais aussi la flamboyance d’un érable, sur la droite. Au sol, ce seraient des émeraudes tavelés d’ocres et de siennes.

Christine Vilaine

Le vent rugit, une myriade de paillettes mordorées inonde le sol, puis l’éclaircie ravive les contrastes. L’olivier ébouriffé, le noyer dénudé épandent leurs fruits. Les cyprès, torches végétales balaient le bleu du ciel avec des mouvements amples et graciles.

Si calme et si sereine la douceur automnale s’enflamme à la violence du temps qui passe. Nostalgie des beaux jours où bleu et jaune, vert et rouge composent en harmonie une fresque estivale, fraîche, éblouissante.

Puis l’hiver en fusain obscur somnole et s’étire, déclin immuable, teinté d’irréversible et mortifère grisaille.

Une saison dans une vie où la feuille jaunie bientôt reverdira, où la treille produira, où le pin dégorgera sa résine où le lilas et autre jasmin nostalgique enivreront nos sens.

Alors le soleil embrasera les vallons flamboyants.